raewon-yaoi

"  - Je t'en...Je t'en prie Damien ! Je ferais tout ce que tu voudras...Je quitterai ce métier s'il le faut ! Je vendrai mon appartement, je...Je t'en prie ! Ne te marie pas avec lui !

   - C'est trop tard Jake ! Beaucoup trop tard. Tu m'as humilié, et ce alors que tu savais tous les sacrifices que j'avais fait pour toi. Tu m'as fait souffrir comme je n'avais jamais souffert. Je n'ai plus personne à part mon futur mari, ma soeur, mon meilleur ami et son copain par ta faute.

   - Je...Je ne voulais pas...je...


Damien regardait Jake tristement. Ce dernier était en larmes et à genoux.Il le suppliait de tout arrêter, la veille de son mariage. Il en avait l’envie, mais pas le courage. Il avait peur de ce que deviendrait sa vie s'il retournait avec Jake. Il avait peur de souffrir à nouveau.


   - Je vais épouser Alexandre. Et je serais heureux.

   - NON ! Je refuse ! Tu ne l'aimes pas ! Pas comme tu m'aimes moi !

   - C'est vrai que je ne l'aime pas comme toi. Je ne pense pas que j'aimerais à nouveau de la sorte un jour. Mais je l'aime, je ressens beaucoup d'affection pour lui. Un jour, je tomberai amoureux de lui. Je l'espère.

   - Je...

   - C'est fini Jake.


Damien releva doucement son amour et essuya tendrement les larmes qui coulaient de ses yeux.


   - Je t'aimerai toujours mon coeur... Mais tu as tout gâché.


Damien déposa un tendre baiser sur les lèvres de Jake. Un baiser au goût amer. Un baiser d'adieu.

Il le lâcha et s'éloigna lentement, titubant. Le lendemain à la même heure, tout sera fini. Il sera marié. La semaine d'après, il devra aller dans une université et exposer sa thèse, thèse à l'origine de tout ses malheurs. S'il n'avait pas été sélectionné, il n'aurait jamais connu Jake, il n'aurait
jamais perdu sa famille, il n'aurait jamais été brisé de l'intérieur... Il ne commettrait pas la plus grosse erreur de sa vie. En 2 ans, sa vie avait changé du tout au tout. Il avait connu l'Amour avec un grand A. Et il allait se marier. Pas avec cet Amour mais il allait se marier.

Oui... Il commettait la plus grosse erreur de sa vie. Mais si c'était le prix pour ne plus souffrir, il le paierait.


  - Oui, soupira t-il. Je serais heureux avec Alexandre. Plus qu'avec Jake.


Du moins, c'est ce dont il essayait de se persuader."

-I-

  - Bienvenue à tous ! Je suis M. Fhrail, votre nouveau professeur en psychologie sociale. Nous débutons ensemble votre cinquième et décisif année d'études en psychologie.


L'amphithéatre de l'université de San Francisco était silencieux. Seule la voix du professeur venait briser ce silence. Les élèves réunis ici savaient qu'il valait mieux écouter. Si jamais ils ne réussissaient pas cette année, c'est 5 ans d'études qui partiraient en fumée. Certains étaient nerveux et d'autres indifférents. Ces derniers se disaient que s'ils rataient leur année, c'était tout simplement parce que le métier de psychologue n'était pas fait pour eux.


  - Bien, reprit le professeur, satisfait du silence qui régnait. Avant de faire l'appel et de commencer mon cours, je vais désigner trois volontaires qui prépareront pour la fin de l'année une sorte de thèse sur le sujet suivant : " Jusqu'où les hommes sont-ils capables d'aller pour assurer leur survie ? ". Bien sûr, je n'ai pas envie que l'un de mes élèves se retrouve mêlé à une histoire de vol, drogue, meurtre, viol ou autres. J'imposerai donc trois sujets. Ces thèses sont à prendre au sérieux. Pour être sûr que le travail sera fait correctement, elles seront notées et participeront à la réussite des volontaires. Bien. Alors... M. Briard Enrique, Mlle Bourguignon Elisa et... M. Ludautio Damien.

Damien soupira intérieurement à l'entente de son prénom. Il était déjà assez stressé sans qu'on vienne lui imposer une thèse à faire. Jusqu'où les hommes sont-ils capables d'aller pour assurer leur survie ?  C'était vraiment un sujet complexe. Un bon sujet mais complexe.


  - Voici les sujets d'études : les prostituées, les calls girls et, varions un peu, les gigolos. Honneur aux dames. Quel sujet vous intéresse Mlle Bourguignon ?
  - Euh...
  - Nous n'avons pas que ça à faire. Pressons.
  - Les calls girls, monsieur.
  - J'avais pensé que vous auriez choisi les gigolos. M. Briard ?


Et bien sûr, il allait être le dernier à choisir. Il se retrouverait forcément avec le sujet le plus pourri.


  - Les prostituées.
  - Cela ne m'étonne guère vu le regard lubrique que vous arborez en permanence.


Quelques rires fusèrent dans la classe. Le prof avait visé en plein dans le mille. Enrique était un vrai... Obsédé.


  - Bien. M. Ludautio, je vous laisse le plaisir de me dire que vous sélectionnez les gigolos.


Damien détestait être remarqué. Il rougissait à chaque fois et il n'y pouvait rien. C'était une sorte de tic chez lui. Il bafouilla un peu avant de dire qu'il choisissait les gigolos.


- Allons M. Ludautio, ne soyez pas si timide. Je ne vais pas vous manger.


Quelques élèves se retournèrent pour regarder Damien. Celui-ci rougit encore plus, gêné d'être la cible de tant de regard.

Son compagnon de table se pencha à son oreille et lui murmura: Plus tu rougiras, plus le prof se moquera de toi, plus on te regardera alors respire et essaie de reprendre ta couleur normale.

Il se redressa et regarda droit devant lui, indifférent à tous ce qui se passait. Dans tous les cas, il reprendra au début de l'année prochaine l'entreprise de son père alors à quoi bon se stresser ? Son père lui avait dit au lycée qu'il le laisserait faire ce qu'il voudra pendant 5 ans. Passé ce délai, il devra reprendre l'entreprise familiale.

Damien baissa les yeux et essaya de calmer sa gêne. Son meilleur ami avait raison. Il avait de la chance d'avoir rencontré Mark. Ils s'étaient rencontrés au lycée. Mark était très intelligent mais ne cessait de faire le pitre et de manquer de respect aux profs. Damien l'admirait. Autant physiquement que moralement. Mark était tout ce que lui n'était pas. Extrêmement grand, peau mate, brun et musclé. Il était à l'aise avec tout le monde et rigolait facilement avec les personnes qu'ils ne connaissaient pas.

Au lycée, Damien était toujours laissé pour compte. C'était une sorte de vilain petit canard même s'il était véritablement beau. Un jour, en heure d'études, Mark était venu s'asseoir à côté de lui et avait commencé à parler. Il avait tout de suite cerné la personnalité de Damien et compris que ce dernier n'était pas quelqu'un d'à l'aise avec n'importe qui. C'est pourquoi il était revenu chaque semaine à côté de lui. C'avait été le seul à parler au début mais petit à petit, Damien avait commencé à lui faire
confiance. Ainsi, à la fin de l'année, ils étaient devenus, contre toute attente, meilleurs amis. Mark savait tout de lui et il savait tout de Mark.

Cette toute nouvelle amitié avait tout d'abord étonné une bonne partie de la classe, à commencer par les professeurs, mais ceux-ci s'y étaient vite fait, satisfait de l'influence qu'avait Damien sur le trouble-fait qu'était Mark.

Ils se retrouvaient maintenant dans la même classe, en dernière année de psychologie.


   -  Bon, reprit le prof. Le cours d'aujourd'hui sera principalement consacré à des révisions de notions de base.


Cette première journée de cours passa très vite aux yeux de Damien et horriblement lentement à ceux de Mark. Lorsqu'ils purent enfin rentrer chez eux à 13h30, ils poussèrent un soupir de soulagement.


  - J'ai cru que ça finirait jamais, dit Mark, tout en baillant.
  - J'y crois pas. Fallait que ça tombe sur moi. Une cinquantaine d'élèves et ça devait tomber sur moi. Et bien-sûr, j'ai pas pu choisir mon sujet et j'ai été la cible des regards pendant un moment. Aaaaaah, ça m'énerve.
  - Faudra bien que tu t'y habitues sweetheart. Tu vas être psychologue.
  - Arrête de m'appeler comme ça, on va croire qu'on est...gay. Et oui je sais, faut que je m'y habitue mais ça me stresse toujours autant.
  - Quoi ça te gênerait tant d'être gay ? murmura Mark à son oreille.
  - Tu sais très bien mon avis sur eux. Je trouve ça...
  - Immoral.
  - En plus, rien que...
  - D'imaginer la façon dont ils font l'amour me dégoûte et me donne envie de
vomir.
  - Pourquoi tu reviens toujours dessus si tu sais pertinemment tout ce que j'en pense ?


Mark soupira et passa une main sur son visage.


  - Faut que je te parle. Tu déjeunes à la maison où on va au déli' ?
  - Chez toi. J'ai envie de ne voir personne. Et puis t'as un ordinateur. J'pourrais faire une recherche pour mon devoir.
  - Une recherche sur les gigolos ?
  - Sur où en trouver un ici !
  - Rien de plus simple ! Tu vas au WestWood Bar.
  - Comment tu sais ça toi ?
  - Je sais, c'est tout. Bon, on y va ?
  - C'est ça, change de sujet !


Ils se chamaillèrent tout le long du chemin, se poussant, se taquinant et riant aux éclats. A vrai dire, tout ceux qui les connaissaient étaient persuadés qu'ils étaient gays et ensemble. Enfin, bisexuel pour Mark mais Damien était obligatoirement homosexuel pour eux.

Il était canon. Vraiment canon. Si on posait la question aux filles qui l'avaient connu, elle répondait sans hésiter que c'était l'un des plus beaux mecs que la Terre est portée. Il était blond avec les yeux bleus azurs. On aurait dit que le moindre petit détail de son corps était là pour le rendre encore plus beau.
Seul problème: il était incroyablement timide et rougissait trop facilement.

Lorsqu'ils arrivèrent chez Mark, ils s'affalèrent sur le canapé.


  - Tiens ! T'as changé la déco ?
  - Ouais ! J'ai opté pour un style moderne cette fois.
  - T'as de la chance d'avoir un père plein aux as. Moi, je sais pas quand je pourrais enfin partir de chez moi.
  - Je te plains. D'autant plus que tu peux pas ramener de nana.
  - Arrête de te moquer ! dit Damien tout en rougissant. Tu sais très bien
que...
  - Tu n'as jamais eu de copines et que tu préfères attendre plutôt de sortir avec la première venue.
  - Voilà. Dis...ton appartement est très grand.
  - Oui.
  - Il a une chambre d'amis.
  - Oui.
  - Une vue magnifique sur la ville.
  - Oui.
  - Un bureau, une bibliothèque, deux salles de bain, une cuisine, enfin bref, tout ce qu'il faut.
  - Oui.
  - J'peux vivre avec toi ? J'te paierai un loyer !


Mark le regarda quelques instants et soupira.


  - C'est pas grave si tu ne veux pas.
  - L'appartement m'appartient, donc tu n’auras pas besoin de payer de loyer.
  - Je vois bien que t'as pas envie. C'est pas grave, te force pas.
  - Tu sais très bien que je meurs d'envie de vivre avec toi. Je peux rien te refuser de toute façon.
  - Tu veux bien ? Je t'adore Mark ! Allez, j'te permets de m'appeler sweetheart en public pendant une semaine. C'est ta récompense.


Damien souriait, aux anges. Il allait vivre avec son meilleur ami. Il allait
quitter le cocon familial. Et ce gratuitement.


  - Damien, faut que je te parle. Je sais pas si tu voudras toujours vivre avec moi après.
  - Impossible que je veuille pas vivre avec toi ! Quoi que tu me dises !
  - J'en suis pas si sûre.
  - Allez, accouche ma poule !
  - Je...je...C'est pas facile à te dire sweetheart... Je suis bisexuel.
  - Bah c'est pas si... QUOI ? Tu es quoi ?
  - Je suis bi sweetheart. Je couche avec des hommes. Principalement avec des hommes.
  - M'APPELLE PAS COMME CA ! Tu me dégoûtes ! Tu m'donnes envie de vomir ! Je.. Tu m'as menti ! Je croyais que je pouvais te faire confiance ! Je...


Damien fondit en larmes et glissa du canapé. Il se sentait trahit. Il avait failli habiter avec cette... chose. Ca lui faisait mal au coeur de qualifier son meilleur ami comme ça mais il ne pouvait s'empêcher de ainsi. Son meilleur ami...

En voyant son meilleur ami à terre, Mark essaya de le prendre dans ses bras.
Mais ce fut pour Damien comme si l'on venait de le marquer à blanc.


  - ME TOUCHE PAS ! NE M'APPROCHE PLUS ET NE ME PARLE MÊME PLUS !


Il se releva, tremblant de rage.


  - A partir d'aujourd'hui, on ne se connait plus. Essaie de te trouver une autre place en cours. J'veux plus d'toi à mes côtés. Tu me dégoûtes. T'es qu'une sous-merde !


Mark regarda Damien partir. Il savait que ça aurait été dur pour lui, il s'était préparé à cette réaction mais c'était dur de constater que son meilleur ami ne l'aimait pas assez pour l'accepter. Son frère de coeur... Il se retenait de pleurer. Il avait mal. La seule personne qui l'aimait et qu'il aimait plus que tout l'avait rejeté. Il resta assis sur le canapé pendant des heures, le regard vide. Lorsqu'il revint dans le monde réel, la nuit était déjà tombée. Il se leva, prit quelques calmants dans sa pharmacie et les
mit dans sa poche. Il avait besoin d'un remontant. Il prendrait les calmants un peu avant.

Il attrapa ses clés, ferma son appartement et se dirigea vers son bar préféré. Le WestWood.